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Le bouddhisme
Le bouddhisme est originaire du nord-est de l'Inde au 5th C BC la
religion locale était alors le Brahmanisme avec simplement 4 castes, elle
s'est ensuite développée en un système de castes beaucoup plus complexe à la
tête de ces castes étaient les Brahmanes ou moines. Ces Brahmanes
pratiquaient une vie d'ascète, la méditation, et les techniques yoga en
s'isolant du monde extérieur. L'expérience acquise de ces Brahmanes a donné
naissance à une collection de textes sanskrits, les Upanishads, la pratique
pour des yogis de ces concepts mène à la libération du cycle des morts et
renaissances et atteignent le statut de Brahmane.
Beaucoup de ces concepts fondamentaux du Bouddhisme prennent leur origine de
la société Brahmane de cette époque.
Le Bouddha lui-même était l'un de ces yogis ascètes et leurs expériences les
a conduit à l'établissement d'écoles religieuses rivales, le jainisme
protégeant toue créature vivante est l'une de ces écoles, le bouddhisme en
est une autre.
La vie de bouddha est toujours largement débattue mais les dates de 480 à 400
BC sont les plus acceptées. Le bouddha est né prince Siddharta Gautama dans
le royaume de Sakka proche de l'actuelle frontière du Népal. Du fait de ses
origines le nom Sakyamuni "le sage de Sakka" lui a été donné dans
la tradition mahayaniste.
On connaît très peu de sa vie si ce n'est qu'à 29 ans, alors qu'il était
marié et avait un fils, il quitta son royaume, suivit l'enseignement de
grands brahmanes puis mena une vie d'ascète mais à cette vie d'extrême
renonciation il décida une autre voie moins radicale qu'il appela "voie
du milieu". Après avoir atteint l'état de bouddha c'est cette voie issue
de son propre enseignement qu'il enseigna. Les concepts fondamentaux du
bouddhisme son issue de son enseignement et plus tard l'une des écoles
mahayana à laquelle le bouddhisme tibétain appartient est issue de cet enseignement.
Les bases de son enseignement sont qu'il y a une voie du milieu entre une vie
de renonciation poussée à l'extrême et une vie sans retenue. L'enseignement
du Bouddha s'occupe exclusivement de montrer cette voie du milieu ou voie du
salut. Les bases philosophiques de ce chemin sont les quatres saintes
vérités, qui indiquent le domaine de la souffrance, son origine, sa cessation
et le chemin qui conduit à cette cessation, et traitent du karma et de la
renaissance.
Les écritures bouddhiques ont été divisées en Dharma et en Vinayana.
Le Vinayana traite de la discipline monastique, le Dharma de la
doctrine.
L'Abhidharma traite de doctrines plus avancées.
Le Sûtra est un texte formulé par le Bouddha lui-même.
Les bouddhistes ont été nettement divisés quant à la valeur de ces sûtras
postérieurs.
Une fraction, appelée Hînayana ou "Petit véhicule", a
soutenu que des ouvrages composés longtemps après 480 av. JC et non récités
lors du premier Concile qui suivit la mort du Bouddha ne pouvaient être
authentiques, ne pouvaient représenter les propres paroles de Bouddha, et
n'étaient que pure poésie.
L'autre fraction, appelée Mahâyâna ou "Grand véhicule",
a affirmé que ces sûtras, bien que très postérieurs à la mort de Bouddha,
étaient issues de la bouche même de Bouddha.
Une autre division importante est celle entre Sûtra et Sâstra. Si le Sûtra
est un texte qui se proclame formulé par le Bouddha lui-même; il commence
toujours par les mot "j'ai entendu à un certain moment. Le maître
habitait…." Le "je" désigne ici le disciple Ananda ,qui récita
toutes les paroles de Bouddha juste après sa mort. Un Sâstra est un traité
écrit par un auteur connu, qui s'efforce d'être plus systématique que ne sont
les Sûtras ordinaires.
La tradition orale de transmission de ces textes fait que seuls des fragments
de la production littéraire totale des Bouddhistes sont parvenus jusqu'à
nous.
Enfin une troisième fraction, appelée Vajrayana ou Tantrism issue du
développement de l'école Mahâyâna.
Les différentes écoles du bouddhisme issuent de l'enseignement de
Sakyamuni:
Les courants principaux:
La division de base est celle entre Hînayana et Mahâyâna.
Dans le Hînayâna il y a d'abord l'ancienne école de
sagesse qui, deux cents ans environ après le Nirvana de Bouddha, se scinda en
deux branches: dans l'est de l'Inde les Theravadins, qui à présent dominent
encore Ceylan, la Birmanie et le Siam, à l'ouest les Sarvâstivâdins, qui ont
fleuri pendant quinze cents ans, avec Mathurâ, le Gandhâ et le Kashmîr pour
centres. La branche Mâhâsanghita plus libérale, de la tradition Bouddhique se
développa rapidement en une nouvelle tendance appelée Mahâyâna.
Dans le Mahâyâna après environ quatre cents ans apparut différentes
écoles mettant l'accent sur les différents moyens de libération. Les
Mâhâsanghitas, fondé vers 150 AC par Nâgârjuna, attendaient le salut de
l'exercice de la sagesse compris comme une contemplation de la vacuité. Comme
ils formulaient leur doctrine en contraste accusé avec celle de l'Ancienne
école, on parle de la "Nouvelle école de sagesse". Une autre
branche instaurait la foi aux Bouddhas et aux Bodhisattvas et la dévotion en
eux. Une autre branche influencée par la philosophie Sânkhya-Yoga est l'école
Yocâgâra, fondée vers 400 AC par Asanga qui fait reposer le salut sur une
méditation à base d'introspection appelée Yoga.
Enfin le développement du Tantra dans l'hindouisme favorisa la croissance
d'une forme magique du bouddhisme appelée Tantra qui attendait de pratiques
magiques l'illumination totale. Ce courant pris beaucoup d'influence au
Népal, Tibet, Chine, Japon, Java, Sumatra.
D'autres écoles se développèrent par la fusion du Mahâyâna avec des éléments
indigènes. Les plus remarquables sont entre autres en Chine et au Japon,
l'école Ch'an (méditation) et l'Amidisme, au Tibet le Rnyin-ma-pa, qui
absorba beaucoup du Shamanisme indigène.
Comme le Mahayana, l'école Hinayana c'est également
transportée au Tibet (mais aussi Ceylan, Birmanie, Chine, Java, Sumatra).
Si le Mahayana seul a survécu au Tibet et en Chine, c'est parce qu'il était
mieux adapté que le Hînayâna aux populations non indiennes. Par exemple le
roi du Tibet invita vers 750 la secte Hînayâna des Sarvâstivâdins (qui
fleurissaient à cette époque au Kashmîr et en Asie centrale) à s'établir au
Tibet. Mais les masses populaires désiraient une religion imprégnée de magie,
et pour cette raison , les Sarvâstivâdins s'éteignirent rapidement au Tibet.
Le Tantra
ou le bouddhisme magique:
Il est impossible de préciser la date exacte ou les pratiques tantriques
furent pour la première fois imaginées. En tant que système de pensée plus ou
moins officiel, le Tantra a pris de l'importance après 500 ou 600 de notre
ère. Mais les débuts remontent à l'aube de l'histoire humaine quand la
société agricole était envahie par la magie et la sorcellerie, le sacrifice
humain et le culte de la déesse mère, les rites de fertilité, les divinités
chroniques. Le Tantra n'est pas réellement une création nouvelle, c'est le
résultat de l'absorbtion des croyances primitives par la tradition littéraire
et par la philosophie bouddhique.
La littérature tantrique est très vaste et en partie inexplorée. Comme les
Hindous, les bouddhistes distinguent un Tantra de "main-gauche" et
un Tantra de "main-droite". Dans l'Hindouisme les deux groupes se
distinguent par le fait que les "sectateurs de Main-droite"
(dakshinâcârin) attachent une importance plus grande au principe mâle, les
sectateurs de "Main-gauche" (vâmâcârin) au principe femelle dans
l'univers. Dans le bouddhisme la différence entre l'un et l'autre réside
surtout dans leur attitude envers le sexe.
Les doctrines sivaîtes ont exercé une grande influence sur le sâktisme
bouddhique. La Sakti est l'énergie créatrice ou "puissance" d'une
divinité, personnifiée comme sa compagne. Dans le sivaîsme, le culte de la
Sakti s'oriente vers l'épouse de siva -Pârvatî ou Umâ- . C'est un trait du
sâktisme que nombre de divinités y existent sous une forme à la fois bénigne
et terrible. La forme terrible de Pârvati est Durgâ, l'inapprochable ou Kalî,
la noire. En même temps le sivaïsme possède une profusion de divinités
féminines, de sorcières, goules et ogresses, dont beaucoup ont été
incorporées dans le sâktisme bouddhique.
Dans la foule des sectes Tantriques, les deux grandes écoles apparaissent de
la plus haute importance historique, la forme de Main-gauche dite Vajrânâya
et celle de Main-droite dite de Mi-Tsung (Ecole des secrets).
Les débuts de Vajrânâya peuvent remonter à environ
300 ap. J.C. mais tel qu'il nous est connu le système s'est développé depuis
environ 600 ap. J.C. Le
Guhyasamâja-Tantra est l'une de ces écritures les plus anciennes. Le
Vajrânâya a été fondée par une succession de maîtres, parmi lesquels
Nâgarjuga fut l'un des premiers. Le Vajrânâya a pris naissance apparemment
dans l'extrême nord de l'Inde à la fois à l'est , Bengale, montagnes d'Assam,
et à l'ouest , dans le district Uddiyana, qui peut être la région autour de
Peshawar. Des influences non indiennes ont eu quelque chose à voir avec la
formation des idées tantriques. Le mysticisme érotique et l'accentuation du
principe féminin ont dû beaucoup à la couche Dravidienne de la civilisation
indienne qui dans le culte des "déesses de village" avait maintenu
vivante les traditions matriarcales sur la déesse mère dans une plus large
mesure que ne l'avait fait la religion védique. Le bouddhisme de cette époque
était un mélange de Prajnaparamita et Tantra. Les moines vivaient à Nalandâ,
leur champ d'action est bien caractérisé par Vâgîsrivarakî, vers 1100 ap.
J.C. dont Târânâtha disait en regardant constamment le visage de la sainte
Târa, il a résolu tous ses doutes. Il fonda huit écoles religieuses pour la
Prajnaparamita, quatre pour l'exposé du Gushyasamaja, une pour chacune des
trois autres sortes de Tantra. Cette combinaison de Prajnaparamita et de
Tantra a montré une étonnante vitalité. Détruite au Bengale par les
musulmans, elle s'est répandue à Java et au Népal et continue encore au Tibet
comme tradition vivante.
Le Tantra de Main-droite nous est surtout connu par le système d'Amoghavajra
(705-774) qui est conservé en Chine. Cette doctrine se flatte elle aussi de
descendre de Nagarjuna. L'école chinoise Mi-Tsung combinait deux systèmes
tantriques qui tous deux étaient incorporés dans un cercle magique (mandala).
Le cercle de la matrice (garbha-dhalu-mandala) et le cercle de la foudre
(vajra-dhalhu-mandala) passent pour être à un degré élevé, identiques, et
représenter différents aspects de la réalité suprême.
Le bouddha Mahavairocana est ici l'univers. Son corps se divise en deux
éléments complémentaires, l'élément-matrice passif , spirituel et
l'élément-diamant actif, matériel. Le monde entier est la révélation du
bouddha à lui-même; il est représenté dans les deux mandalas. Cette doctrine
est arrivée au Japon avec Kobo Daishi, vers 800 ap. J.C. ,et est encore
aujourd'hui sous le nom de d'école Shin-Gon (Parole vraie), l'une des plus
grandes sectes japonaises, comptant en 1931 huit millions de membres et 11000
prêtres.
Les pratiques tantriques:
Comme les autres écoles du bouddhisme le Tantra a développé un certain
nombre de pratiques qui lui sont propres. Le Tantra estime que les méthodes
de salut ne peuvent être appris par les livres mais directement par un
initié, par un contact personnel avec un instructeur appelé guru. Si nous
voulions décrire toutes les variétés de culte et de liturgie que pratiquaient
les initiés . Mais il y a trois méthodes dont il faut parler avec quelques
détails, et que nous retrouvons en tant que voyageurs parmi les pratiques
tibétaines. Ce sont:
- La récitation de formules magiques (mantras
en Sanskrit);
- L'accomplissement de gestes et de danses rituelles;
- L'identification avec des divinité par le truchement d'une espèce spéciale
de méditation.
I. En ce qui touche l'usage de formules magiques, nous avons à
distinguer trois périodes. D'abord les bouddhistes comme tous les autres
habitants de l'Inde à l'époque attendaient de formules de magie la protection
contre le danger et la réalisation de leurs intérêts mondains. L'usage
d'incantation a été largement répandu parmi toutes les nations dans la
période préindustrielle de l'histoire humaine. Il impliquait deux postulats à
savoir que les maladies et autres infortunes étaient dues à l'influence de
quelques pouvoirs démoniaques; et que les paroles avaient pouvoir de traiter
effectivement avec le démon, soit en l'écartant, soit en l'expulsant soit en
mobilisant un pouvoir bienveillant plus fort. La croyance en l'efficacité des
paroles magiques a été grandement encouragée par les prêtres et les docteurs,
qui leur apportaient une sorte d'intérêt atavique. Sans doute existait-il des
sceptiques qui signalaient, comme le fit le fameux bouddhiste Vasubandhu, que
très souvent les plantes ou les médicaments sont l'agent curatif, mais que
les médecins, craignant qu'on agisse sans eux et qu'ils ne touchent plus
d'argent, prétendent que la drogue ne réussit qu'à l'aide des mantras,
lesquels sont leur secret professionnel. Le mantra est une incantation qui
produit des miracles quand elle est énoncée. Les bouddhistes pour se protéger
n'employaient pas seulement les mantras traditionnels du brahmanisme, mais
utilisaient aussi en guise de charmes certains Sûtras bouddhiques brefs.
Troisièmement , depuis le 7th C , les mantras sont devenus, parmi une section
de la communauté, le véhicule principal de salut. La pratique licite, mais
jusque là subsidiaire , de murmurer des incantations devient, dans le
Mantra-yâna, ou véhicule des Mantra, la clé par excellence de la libération
hors des chaînes de l'existence. Si on les applique suivant les règles, il
n'est rien que les mantras ne puissent réaliser. Leur pouvoir peut conférer
jusqu'à la «Buddhéité.
Dans le Tantra, d'autre part, les Mantras et les Dharanis agissent
infailliblement pourvu que l'on observe strictement les règles qui sont
nombreuses et minutieuses. D'innombrables mantras ont été composés par les
bouddhistes tantriques, et le sujet entier a été traité comme une science
très élaborée, avec maintes lois faites ad hoc. Par exemple un mantra
s'adressant à une divinité masculine doit se terminer par HUM ou en PHAT;
mais si la divinité est féminine, le dernier mot doit être SVÄHÄ; si elle est
neutre, NAMAH. Laissant ces détails pour ce qu'ils valent, il nous faut dire
quelques mots sur le raisonnement qui a conduit le Tantra à admettre que le
fait de marmonner des syllabes ordinairement tout à fait inintelligibles
pouvait produire d'aussi grands effets dans le monde. Naturellement c'est le pouvoir
de l'esprit qui rend les mantras efficaces. Le mantra est le moyen de venir
en contact avec les forces invisibles autour de nous en s'adressant à leurs
personnifications. Des êtres élevés de caractères bienveillant nous ont donné
ces mantras. Le fameux OM MANI PADME HUM au Tibet, inscrit partout, sur les
pierres, dans les maisons, dans les moulins à prières et sur les lèvres du
peuple, est l'un des plus précieux dons qu'ait fait Avalkitesvara à ce monde
souffrant. Le Mahâ-Vairocana-Sûtra, dans son premier chapitre, explique le
pouvoir des mantras comme suit: "Grâce au vœu primitif des Bouddhas et
Bodhisattvas, une force miraculeuse réside dans les mantras, si bien qu'en
les prononçant on acquiert un mérite sans limites". Le même texte dit que
"le succès dans nos entreprises obtenu par les mantras s'explique par le
fait qu'ils ont été consacrés par le Bouddha, ce qui exerce sur eux une
influence profonde et inconcevable". Prononcer un mantra est une manière
de courtisé une divinité; Etymologiquement, le mot mantra se relie à des mots
grecs comme meimao qui exprime le désir ardent, l'aspiration, l'intensité
d'un but souhaité, et au vieux haut-allemand minn-ia, qui signifie
"faire la cour à".
En vue d'apprécier la place des mantras dans le rituel du bouddhisme
tantrique , nous pouvons, en conclusion , décrire les quatre opérations que
distingue le Mahâ-Vairocana-Sûtra dans le processus de la récitation (ou
japa) d'un mantra.
(1) La récitation contemplative, qui à quatre
aspects:
a) on récite le mantra en contemplant dans son coeur
la forme des lettres
b) on distingue nettement le son des différentes lettres;
c) on comprend clairement la signification des phrases;
d) la pratique du souffle, dans laquelle on contrôle la respiration en vue de
contempler l'interpénétration réciproque du fidèle et du bouddha.
(2)(3) suit une récitation , accompagnée d'offrandes
à la divinité, telles que fleurs, parfums.
(4) finalement, il y a la récitation de réalisation lorsque l'on atteint le
"succès" (siddhi) par le pouvoir des mantras.
II. La deuxième pratique tantrique qui nous intéresse concerne les
gestes rituels qui sont de la plus grande importance dans le Tantra, qui
a élaborée une classification compliquée des mains à efficacité magique. Un
petit nombre des gestes rituels nous sont connus par la position des mains
des statues des bouddhas et des bodhisattvas. La danse est pour les hindous
une forme du "chant avec le corps": elle a acquis une importance
considérable dans le nord de l'Inde et dans les régions sous influence
tibétaine. En tout cas, suivant la théorie tantrique, un acte rituel valide
doit comprendre les trois aspects de notre être, corps, parole, et pensée. Le
corps agit par les gestes, la parole par les mantras et la pensée par la
transe (samâdhi).
III. La troisième pratique tantrique qui nous intéresse est la
méditation
Le Tantra combine les besoins dévotieux des masses avec les pratiques de
méditation de l'école Yogâcâra et la métaphysique des Mâdhyamika. En d'autres
termes, le Tantra a absorbé le vaste panthéon de la mythologie populaire,
avec sa diversité déconcertante de divinités, de fées, de sorciers,… Mais les
Tantristes ont accepté les postulats métaphysiques de la Prajñâpâramitâ,
suivant lesquels la réalité une de la vacuité est seule pleinement réelle,
tandis que toute multiplicité est en définitive irréelle, produit fallacieux
de notre imagination malade. La multiplicité des dieux n'est rien qu'une
fiction de l'imagination, aucune de ces divinités n'est réellement présente.
Suivant le Tantra, choses et dieux sont également irréelles en comparaison de
la vaste et unique vacuité, mais dans l'ensemble les données de la mythologie
représentent une sorte de fiction bien plus recommandable que les données de
notre expérience pratique de chaque jour; quand elles sont convenablement
utilisées, elles peuvent nous aider puissamment à gagner la délivrance hors
des chaînes de l'existence. La Tantra a élaboré un système de méditation sur
les divinités, caractérisé par une suite de quatre degrés:
- avant tout comprendre la vacuité et immerger notre individualité distincte
dans cette vacuité;
- deuxièmement, répéter et visualiser les syllabes-germes (bîja);
- troisièmement, se former une conception de la représentation externe d'une
divinité, telle qu'on la voit dans les scultures, les peintures, etc… ;
- quatrièmement, devenir un avec la divinité par identification.
Le bouddhisme au Tibet:
Padma Sambhava, philosophe indien du bouddhisme en prêchant sur son passage
au 8th siècle insuffla le bouddhisme dans l'âme tibétaine. Padma Sambhava
traversa les cols du Cachemire et du Ladakh en passant par le fleuve indus.
Le bouddhisme tibétain est issue du développement de l'école tantrique
indienne et de la religion animiste indigène, la religion des Böns, qui était
une forme de shamanisme magique.
Le bouddhisme ne réussit nullement à s'y substituer. Jusqu'à aujourd'hui,
après mille deux cents ans ou presque de loi bouddhique, la religion Bön
demeure encore une force vitale. Les moines du Tibet ont toujours été strictement
divisés dans leur attitude envers le shamanisme indigène. Certains en ont
absorbé une grande partie, d'autres beaucoup moins. Après 1400 de notre ère
l'école la moins magique, nommée l'église jaune, gagna la prépondérance grâce
aux réformes de Tsong-kha-pa. Nombres de sectes rouges - sectes plus magiques
- continuent d'exister, et le Rnyin-ma-pa représente la branche du Tantra
tibétain qui a cédé plus qu'aucune autre à l'influence du Bönisme.
Au Tibet l'ancienne secte rouge, dont les adhérents portent des robes rouges
au lieu de jaunes, prêchent et pratiquent une doctrine ésotérique qui à
l'origine avait été introduite par le prince indien Padma Sambhava vers 750
ap. J.-C. Padma Sambhava était un faiseur de prodiges qui ne fit au Tibet que
deux courtes visites. Durant les brefs dix-huit mois de son séjour il n'en
exerça pas moins une influence qui se ressent aujourd'hui encore au Tibet, en
dépit du fait que l' Eglise Jaune officielle a combattu sa doctrine pendant
cinq siècles. La raison principale de l'influence durable de Padma Sambhava
semble résider dans le fait que son interprétation du bouddhisme - une forme
de Tantra - est proche du Bönisme, la religion indigène du Tibet. Les adeptes
de Padma Sambhava sont appelés d'ordinaire les Rnyin-ma-pas, littéralement
"Les Anciens".
Les différentes écoles du Bouddhisme tibétain:
les différentes écoles ou ordres qui existent au Tibet correspondent à des
époques différentes:
- Nyingmapa (8th siècle) " vielle école "
attaché au Guru Rimpoche (Padma Sambhava) qui vint de l'inde au Tibet au 8th
siècle (env. 750) et apporta le bouddhisme.
Orientation Shamane, pas de pouvoir central, les moines shamanes gèrent tout
dans leur village respectifs.
Dans son essence la doctrine Rnyin-ma-pa est une branche du Tantra de Main-gauche.
Le culte des divinités tutélaires joue un rôle important ; ce système connaît
100 de ces divinités dont 58 sont paisibles et 42 irritées. Il existe en
outre, naturellement, un culte des divinités terribles, conçues
essentiellement comme les destructrices des trois ennemis fondamentaux de la
paix de notre âme, c'est à dire: l'avidité, la haine et l'illusion. Les
pratiques physiologiques du Hatha-Yoga y jouent un grand rôle.
Les différentes catégories de pratiques s'accomplissent normalement dans
l'ordre suivant:
- d'abord, il doit y avoir la création mentales des
dieux tutélaires, procurée en récitant des formules et en méditant sur les
visions ainsi produites;
- en second lieu vient le contrôle physico-mental des artères et du semen
virile;
- en troisième lieu, la compréhension de la vraie nature de l'esprit,
laquelle est vacuité.
L'idée distinctive de cette école est quelle essaie d'utiliser ce que
les bouddhismes laissent généralement de côté, à savoir les émotions de la
colère, de la volupté, etc… et deuxièmement, qu'elle essaie d'employer le
corps matériel, qui pour les autres bouddhistes est une entrave redoutée de
l'esprit, comme moyen profitable pour aider l'esprit.
La nature magique du Rnyin-ma-pa se voit dans la doctrine Thod-gyal, le Dépassement
du Suprême, suivant laquelle il existe un moyen de salut ou de libération
dans lequel le corps matériel peut s'évanouir dans l'arc en ciel, ou bien à
la manière d'un arc en ciel.
Une doctrine particulièrement fascinante que le Rnyin-ma-pa a préservé est
celle du Bardo. Bardo est le nom de l'expérience qu'éprouve un individu dans
l'intervalle entre la mort et une nouvelle naissance. De nombreux bouddhistes
estiment que la nouvelle naissance suit instantanément la mort. Mais d'autres
postulent un intervalle, et l'école Rnyin-ma-pa nous donne une description
très détaillée de l'expérience de l'âme au niveau du Bardo qui est décrite
dans le "Livre Tibétain des Morts" traduite en anglais par
Evans-Wentz
- Kagyupa (11th siècle)
attaché à l'enseignement de Marpa (1012-1093) un yogi tibétain qui était
marié reconnu pour ses pouvoir Tantriques et ses traductions. Son disciple le
poète Milarepa devint à son tour un yogi très reconnu, pratiquant la
méditation dans des grottes sur les contreforts de l'himalaya. L'expérience
de pratiques tantriques était plus importante que l'étude de texte et la vie
d'ascète.
L'influence d'un de ses disciples Gampopa a conduit à l'établissement de
nombreux monastères qui devinrent d'important centres d'enseignement effaçant
du même coup les pratiques originales des yogis. Mais ces pratiques
subsistèrent partiellement et les monastère Kagyupas participèrent à
l'intégration des traditions shamanes et de l'école Tantrique bouddhiste.
Plusieurs écoles sont issues de cette lignée la plus remarquable est celle
des Karmas Kagyupas ou Karmapas (bonnet noir, Sikkim).
La pratique des lamas réincarnés fut initiée par cette école quand le
leader du monastère Tsurphu prés de Lhassa (1110-1193) a annoncé qu'il se
réincarnerait comme son propre successeur. Le 16th Karmapa est mort en
1981, et son successeur réside à Tsurphu. Il a été reconnu par les chinois.
Communément appelé les bonnets noirs on les retrouve également au Sikkim.
- Sakyapa (12th siècle)
communément appelé les bonnets rouges, on les retrouve au Ladakh.
ordre attaché à Sakya Pandeta (suivi aussi au Mustang) école développée au
monastère de Sakya fondé en 1073 par Kön Könchog Gyelpo. Le 11èmè siècle
était une période très dynamique pour le bouddhisme tibétain dû au
renouvellement des contacts avec les bouddhistes indiens. Alors que l'école
des Kagyupas était fondée par Marpa et son disciple Milarepa à la même
période la famille Kön établissait une école qui allait être nommée plus tard
Sakyapa. Contrairement aux autres écoles et monastères auxquels se succèdent
des leaders lamas réincarnés, les leaders de l'ordre des Sakyas étaient
uniquement des descendants et héritiers de la famille Kön. Il est dit qu'un
des fils de la famille Kön se serait marié pour perpétuer la succession depuis
chaque leader de cette école se marie pour perpétuer la succession. Au début
du 13th siècle les Sakyapas était devenu une école influente à la manière des
universités bouddhistes indiennes qui furent détruites durant l'invasion de
l'Inde par les mongols. Cette orientation était le fruit du travail des
traducteurs indiens tels Shakyashribhada, venu en 1204 à Sakya . Mais
antérieurement les moines érudits de Sakya ont contribué au développement de
cette école bouddhiste. L'un d'eux était le leader de Sakya Kunga Gyaltsen
(1182-1251), qui fut connu sous le nom de Sakya Pandita ou l'Erudit de Sakya.
Il écrivit des textes très importants sur la perception et la logique et son
enseignement l'a élevé au statut de manifestation de Manjushri, Bodhisattva
de la perspicacité. Son charisme et son influence l'on conduit à représenter
le peuple tibétain face aux mongols lorsque ceux-ci envisageaient l'invasion
du Tibet. Il parvint à éviter l'invasion du Tibet au cours d'un voyage de
trois jours en Mongolie en 1247 et après avoir rencontré le prince mongol
Godan lui offrait le contrôle politique du Tibet. Il défendait sa position en
précisant que toute résistance aux mongols aurait entraîné la défaite
certaine des tibétains. A la mort de Sakya Pandita son neveu fut proclamé
chef spirituel de Sakya et chef d'état du Tibet sous l'autorité du prince
mongol Kublai Khan. C'était le premier gouvernement tibétains avec un Lama à
sa tête. Ce précédent régla la vie des tibétains pendant plusieurs siècles et
amena les chinois à réclamer leur droit sur les hauts plateaux du Tibet. Mais
la corruption mongole les rivalités entre l'école des Kagyupas et l'ordre
Sakyapa entraîna la chute de cette dernière en 1354 et la prise de contrôle
de la première, laquelle transporta le gouvernement à Neudong dans l'Ü. Sakya
garda malgré tout une grande indépendance vis à vis des gouvernements
religieux successifs similaire à Shigatsé .
- Gelugpa (15th siècle)
fondé par le Lama Tsong Khapa (1357-1419), qui à 17 ans quitta son village
près de Kokonor pour étudier dans le Tibet central, il subit l'influence de
toutes les écoles mais fut plus particulièrement influencé par les écoles
Sakyapa et Kadampa, cette dernière à son siège à Netang près de Lhassa où le
sage indien Atisha finissa sa vie. L'ordre Kadampa a soutenu les
enseignements d'Atisha, qui sont une synthèse de la doctrine Mahayana mêlée
avec les pratiques plus mystérieuses du bouddhisme Tantrique.
Sans atteindre la notoriété des ordres Kagyapa et Sakyapa avec Tsong Khapa
cette ordre est devenu de première importance. Tsong Khapa orienta cette
école vers une plus grande discipline monacal et vers une doctrine bouddhiste
de base pour avancer dans le champ d'études Tantriques en ne réservant les
pratiques Tantriques que pour les étudiants les plus avancés. Tsong Khapa
établi un monastère à Ganden qui devint le siège de l'ordre Gelugpa. D'autres
monastères seront établis ensuite à Drepung, Sera près de Lhassa, et
Shigatsé. Bien que le chef spirituel de Drepung était à la tête de l'ordre
Gelugpa et l'est toujours à ce jour, c'est le Dalaï Lama qui devint
graduellement le chef Spirituel de cette école dominante depuis le 17th
siècle. (suivi aussi au Ladakh)
. les bonnets jaunes
le jaune est la couleur officielle de cette église des lamaïstes réformée, une
vieille légende explique l'origine de ce choix. Tsong Kapa, le grand
réformateur du bouddhisme tibétain, n'était encore que séminariste; dernier
novice à pénétrer dans la lamaserie de Sakya, il s'apprêtait à revêtir les
habits de cérémonie et à mettre sur la tête le chapeau rouge rituel. Or on
l'avait oublié et il ne restait plus de coiffure disponible. Voyant son
embarras, un des spectateurs se saisit du premier chapeau et en coiffa Tsong
Khapa. Le hasard voulut qu'il soit jaune. Par la suite, Tsong Khapa resta
fidèle à cette couleur et c'est ainsi que le jaune devint le symbole de
l'église réformée.
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