VOYAGE SUR LE TOIT DU MONDE


Le Pays aux neiges éternelles, est ouvert aux voyageurs depuis le milieu des années 80. Jusqu'alors seuls quelques voyageurs ont su déjouer la surveillance des gourverneurs de région à l'instar d'Alexandra David Neel qui entra dans la ville interdite lors d'une seconde tentative en 1922. Puis Heinrich Harrer et son compagnon en 1940 qui resta sept ans dans la ville interdite et devint l'ami de l'actuel Dalaï Lama exilé en Inde depuis 1959. Epoque à laquelle les chinois avaient envahis le Tibet et ne l'ont pas encore quitté. Le Tibet que nous voyons aujourd'hui est malheureusement très différent. Les chinois sont omniprésent à Lhassa dans le commerce et un marché leur est entièrement dédié au pied du Potala sur le côté nord. Et une copie de la place Tienan men a été réalisé face à l'entrée du Potala. Depuis 1987, suite à des soulèvements et manifestations, il est difficile pour les voyageurs individuels d'y entrer sans joindre un tour organisé. Les plus anciens vous parlerons du bon temps oû le Tibet était encore accessible mais déjà très changé par la présence chinoise et une architecture décadente et moderne. En Octobre 1993 alors que je voyageais depuis un certain temps en arrivant au Népal beaucoup de voyageurs parlaient du Tibet et de sa réouverture aux voyageurs individuels après l'obtention d'un permis en plus de l'indispensable visa. C'est à partir de ce moment que le désir de visiter ce pays ne me quittera plus. Malheureusement, une fois à Katmandou l'ambassade ne délivrait aucun visa sans passer par une agence organisant des tours. Le prix sent ressentait et je voyageais déjà depuis plus d'un an le nez au vent sans la moindre organisation je ne me voyais pas joindre un groupe, fini la liberté d'aller oû je désire quand je le désire et de m'arrêter oû je veux. Le seul moyen était d'obtenir ce visa à BKK ou Delhi avant de rejoindre le Népal. Je me suis donc contenté de partir trois jours en moto pour atteindre tranquillement Kodari et le pont de l'amitié endroit oû l'Arniko Highway devient la route de l'amitié côté chinois. De là, je pouvais apercevoir Zanhgmu quelques kilomètres plus loin et cinq cent mètres plus haut. Depuis cette époque mon désir de visiter le Tibet subsistait.



Carte du Tibet

 

Parcours

Katmandou

Katmandou, capitale du Népal, arrivée au moment de la mousson nous voyons la vallée mais déjà des cumulo-nimbus annoncent une après-midi avec sûrement quelques heures de forte pluie, à l'aéroport une chaleur humide nous tombe dessus dès la sortie de l'avion. Ayant déjà nos passeports avec le visa tout se fait très vite, changement de quelques dollars en roupies Népalaises, récupération des sacs, et en quelques minutes, (rien à voir avec l'attente interminable à l'aéroport de Rangoon) nous voici face aux premiers rabatteurs travaillant pour les hôtels à Katmandou.... deux jours de découverte ou redécouverte...




Frontière Népalaise

La route de Katmandou à la frontière Cinq heures trente du matin réveil rapide, impossible de sortir de l'hôtel en effet il boucle l'entrée avec un rideau de fer. Etant dans l'annexe de l'hôtel nos appels ont du mal à parvenir jusqu'au hall d'entrée où dorment les jeunes qui s'occupe de la surveillance durant la nuit. Six heures du matin enfin « libérés », nous prenons un trishaw qui nous conduit à l'est de Thamel près de l'office d'immigration pour monter dans un bus. Départ vers Kodari par l'Arniko Highway (Friend Ship Highway). Un bus, deux camions, une jeep, une dizaine de kilomètres à pied, et une rivière déchaînée passée en équilibre sur un troncs d'arbre soit 12 heures après le départ au petit matin nous débarquons au poste frontière népalais de Kodari, là simple formalité nous sortons du Népal aussi simplement que nous y sommes entrés. Alors que nous attendons nos passeports la mousson nous rappel à son bon souvenir, nous quittons le poste frontière Népalais sous la pluie et traversons le pont, le "Friendship Bridge", ne regardant que nos pieds pour nous protéger de la pluie. De l'autre côté un camion contre 1 dollars nous emmène jusqu'au poste frontière chinois, lequel lorsque nous arrivons est fermé, ses horaires d'ouvertures étant 9-19 heures. A notre grande surprise et avec l'autorisation des militaires de gardes nous passons devant le poste frontière et rentrons en Chine pour dormir à Zanghmu et ne revenir que le lendemain.

Zanghmu

Pour trouver un hôtel tibétain à Zanghmu, sous la pluie, l'affaire est plutôt comique personne ne parlant anglais nous sommes obligés de mimer notre recherche d’un toit pour la nuit, un tibétain comprend enfin ce que nous recherchons et nous conduit dans un dédale de rues jusqu'à une maison, comprenant cinq chambres, sur les hauts de Zanghmu. Le lendemain matin suivant, retour au poste frontière puis demi-tour pour passer la douane (dans le bon sens) ce qui se fait sans encombre, il faut ensuite s'affranchir d'un "droit de visite" supplémentaire de 13 dollars, puis vient la longue attente au poste du CITS lequel délivre le fameux permis et un moyen de transport une jeep pour la somme de 130 dollars (le prix variant suivant l'offre et la demande). Dans notre cas nous avons fait la route de Katmandou à Zanghmu avec deux français qui ne sont jamais passés, en effet les militaires à la douane ont tamponné leur visa et les ont laissé continuer leur chemin, le CITS a décidé de rejeter la compagne de notre amis français car si elle possédait un passeport diplomatique, en contre partie elle ne possédait aucune patience vis à vis de l'administration chinoise qui était étonnée de voir arriver en touriste individuel un membre d'une ambassade. Après trois heures de dures négociations nous décidions de poursuivre notre route sans eux et sommes partis avec un permis sur lequel figuraient au moins nos deux noms, le reste était parfaitement illisible ignorant tout de la langue chinoise. Une fois dans la jeep, nous faisons connaissance avec un chinois parlant japonais mais l'anglais, il se présente comme un employé de la compagnie propriétaire de la jeep, un chauffeur tibétains parlant chinois mais pas l'anglais et enfin pour faire le lien linguistique, deux japonaises dont l'une parle trois mots d'anglais, les dialogues seront donc épiques et parfois trois explications sont utiles pour être sûr de se comprendre.
La jeep démarre, il reste alors 730 km à parcourir jusqu'à Lhassa dont un premier col à 5150 mètres dans 40 km. Nous quittons les dernières vallées encore tropicales, les forêts de rhododendrons font placent aux conifères, puis aux deserts minéraux de l'Himalaya où seuls se dressent des chortens et des drapeaux de prières.



Tingri

Tingri, est tout aussi typique que Nyalam, la rue est calme seuls des bouchers que j'imagine musulmans sont assis dans l'ombre d'un patio qui cours le long d'une maison. De cette façon ils préservent leurs marchandises, morceaux de viandes de yack et gigots étalés à même le sol, en attendant un acheteur éventuel. Seule une vieille femme tibétaine paraît négocier ces achats avec eux. Les hommes sont adossés au mur et nous regardent sans aucune réaction ni surprise, ni sourires, presque de l'indifférence. De l'autre côté de la rue un hôtel, le seul de la ville, très typique le contour de la porte est bleu, les poutres au-dessus des fenêtres et de la porte sont décorées. Les seules voitures dans la rue sont notre jeep et les italiens qui sont arrivés peu après nous.





Lhatsé

A Lhatsé nous faisons face pour la première fois au désastre qu'est l'invasion du Tibet par la Chine, la ville est totalement coupée en deux, aussi bien sur le plan architectural que pour la population nous rentrons par le sud, côté tibétain avec des maisons typiques comme nous avons pu en voir à Nyalam et Tingri puis arrivant au nord nous découvrons un ensemble de bâtiments fait de béton recouvert de céramique blanche avec des commerces chinois étalés sur de larges trottoirs. Côté tibétains des femmes dans une cour intérieure réalisent un thanka ces tapisseries qui seront ensuite suspendues à l'entrée d'un monastère. Nous laissons les deux japonaises avec le chinois pour aller manger dans un restaurant tibétain aperçu à notre arrivée dans la ville, la salle à l'intérieur est munie d'énormes fauteuils qui auraient plus leurs places dans un salon d'appartement en Europe plutôt que sous ces latitudes et à ces altitudes. Bref nous prenons deux Thugkus, soupes de légumes, du thé avant de visiter la ville un peu mieux, en route un homme nous aborde et nous parle des représailles chinoises pendant lesquelles des avions tiraient à la mitraillette sur la population, intoxe ou pas il nous présente les objets du délit, des balles de fort calibre à moitié écrasées. Alors que nous rejoignons nos compagnons de voyage ceux-ci semblent vexés de notre attitude particulièrement Tchang le chinois.



Shigatsé

Arrivée à Shigatsé ville du Panchen Lama où son monastère, le Tashilumpo, est l'un des rares monastères à ne pas avoir subit de dégradation pendant la révolution culturelle.
Shigatsé se sont de longues soirées, au rythme des aboiements des nombreux chiens. Une légende dit que ces chiens sont des réincarnations de moines ayant subit un mauvais karma, peut-être est-ce parce qu'ils traînent près des entrées des monastères. Nous arrivons à une première guesthouse Ochart hôtel, un groupe de français de Nouvelles Frontières a déjà investis la place et ils sont nombreux donc plus de place dans cette hôtel. Finalement nous trouvons une chambre sur la terrasse du Tenzin hôtel, ambiance voyageurs. Nous retrouvons une guide norvégienne déjà croisée un an et demi plus tôt en Birmanie sur le bateau assurant la liaison Mandalay - Pagan. Cet été elle emmène un groupe de sept personnes de Islamabad à Katmandou via la Karakorum, Kachgar, Ali, Lhassa et Shigatsé, beau périple que nous aimerions effectuer un jour prochain...
Nous partons à la recherche d'un restaurant dans les rues sombres pas grand chose d'éclairé la fatigue aidant nous interrogeons les locaux pour un restaurant et nous retrouvons dans le premier qui nous est indiqué. Nous voyons notre commande se préparer à partir de produit frais dans la cuisine derrière nous.
Le lendemain nous partons pour le monastère du Tashilumpo associé à l'ordre Gelugpa l'un des six grands monastères Gelugpa avec Drepung, Sera, Ganden, à Lhassa et Kumbum et Labrang en Amdo.
C’est aussi le plus grand monastère existant et fonctionnant encore, construit en 1447 par un disciple de Tsongkhapa, Genden Drup qui fut ensuite appelé le 1st Dalai Lama et inhumé au Tashilumpo.
Genden Drup était un neveu de Tsong Khapa et peu avant sa mort il annonça qu'il serait réincarné et donna à ses successeurs les signes qui permettraient de reconnaître sa réincarnation. Malgré sont association avec le 1st DL ce monastère était loin des affaires de l'ordre Gelugpa et fait partie de l'école du Panchen Lama second chef spirituel après le DL.
Beaucoup de disputes entre l'ordre Gelugpa des DL et la lignée des Panchen Lama sur l'autonomie du monastère Tashilumpo. Les chinois profitaient de ces tensions. En 1920 une dispute entre le 9th Panchen et le 13th Dalaï Lama sur les taxes et l'autonomie du monastère a causé l'envol du Panchen pour la Chine….. Qui n'est jamais revenu au Tibet. Le 10th Panchen Lama était gardé à Pékin et est très peu venu à Shigatsé., Il est mort en 1989. Le monastère, siège du Panchen Lama, est resté intacte durant la révolution culturelle.
Départ de Shigatsé: 4éme jour : A peine sortit de Shigatsé nous voici en panne, mais contrairement aux jours précédents la voiture ne démarre plus, finalement nous ne partirons qu'à 15 heures. . En attendant nous retournons sur nos pas pour entrer dans le premier restaurant venu, tenu par un chinois nous investissons les cuisines pour passer notre commande car leur menu est en chinois. A chaque légume pointé du doigt nous aurons l'équivalent d'un plat pour quatre personnes nous nous retrouvons donc avec une table recouverte de six ou sept plats plus remplis les un que les autres. Lorsque nous retournons à la jeep le carburateur est remonté et se sont les derniers réglages.
Nous longeons maintenant le Yarlung Tsangpo depuis une bonne heure ce fleuve long de 2900 kilomètres, que l'on appelle Brahmapoutre une fois en Inde. Ces eaux se jettent dans le golf de Bengale après s'être mélangées à celles du Gange. Dans quelques heures nous arriverons à Lhassa, moment très attendu, satisfait de pouvoir voyager à l'intérieur du Tibet en liberté, même si celle-ci est toute relative nous le constaterons par la suite. A la croisée d'un village au beau milieu de la plaine, nous faisons une pause, village tibétain dont les maisons ont leurs pierres apparentes cette fois-ci mais toujours avec les toits plat chargés de céréales. Des enfants nous voient approcher et nous entourent et voyant Emmanuelle avec un appareil photo ils se mettent à regarder au travers de l'objectif , ils veulent une photo, que nous nous empressons de faire, nous nous attendons à ce qu'ils réclament quelque chose en retour mais ils refuserons même les biscuits que nous étions en train de manger en arrivant. La route est encore longue, et alors que nous sommes repartis elle est, une fois de plus, coupée, un pont passage obligé de cette route dont la dalle de un mètre d’épaisseur et plus de vingt mètres de long est effondré brisé en deux, seuls les 4x4 arrivent à passer dans le lit de la rivière profond d'une soixantaine de centimètres, Le chauffeur s'engage très volontairement dans l'eau en ayant pris soins semble t-il de se renseigner sur la profondeur.
Alors que la lumière baisse nettement, nous entrons dans Lhassa, la périphérie ne ressemble pas du tout à ce que nous attendions, des maisons en béton d'un ou deux étages qui n'ont rien de typiques, aurions nous déjà vue ce qu'il y a de plus intéressant, notre première vision pour cette ville que nous voulions absolument voir est plutôt décevante. Mais nous arrivons très vite au cœur de Lhassa, où nous découvrons un centre animé qui malgré le temps a gardé son authenticité et son caractère tibétain.





Lhassa

Si un quartier dans cette ville mérite le détour c'est bien le Barkor coeur spirituel de Lhassa elle même cœur spirituel du Tibet. Se promener dans les ruelles du Barkor autour du Jokang est un véritable saut dans le passé. Notre première vision, tant attendue du Potala, situé 3 km plus à l'ouest du Barkor devra attendre le lendemain, notre première vision sera depuis la grande rue à la sortie de l’hôtel, mais nous attendrons quelques heures de plus pour découvrir depuis la terrasse du Jokhang ce véritable palais jonché sur une colline de 130 mètres Chapo Ri, il a abrité les gouvernements successifs durant l'hiver jusquà l'exil du 14th Dalaï Lama en 1959. Mais revenons au Jokhang le plus ancien monastère de Lhassa et certainement le plus vénéré au Tibet, des pèlerins des contrées les plus reculées du Tchang Tang et d’Amdo ou du Kham viennent y prier après avoir parcourut des centaines de kilomètres. La circombulation autour du monastère de ces hommes et femmes est impressionante, ont pourrait les croires venus d'un autre temps rien chez ces gens ne laisse transparaître les temps modernes auxquels ils appartiennent malgré eux, costumes typiques pour ces hommes et ces femmes, elles portent des coiffures arrangées avec des turquoises.

Pendant leurs tours innombrables autour du Jokang elles font tourner leur moulin à prières.

Dans la première cour intérieure des centaines de chömay, ces bougies au beurre de yack, se consumment comme offrandes aux dieux de la part des pélerins pénétrant le monastère, à côté deux moines nettoient constamment les derniers bougeoirs ayant achevés de se consummer. Nous poursuivons notre visite par le tour intèrieur du jokang où des centaines de moulins à prières sont alignés de chaque côté du couloir, une tibétaine nous arrête et réclame une photo du Dalaï Lama, malheureusement nous n'en n'avons aucune dans notre sac, celles que nous avons emmené de France sont restées dans la chambre de l'hôtel. Nous passons dans les pièces intèrieures du monastère oû est abritée une image du bouddha Jowo Sakyammuni, qui fut cachée et préservée par les moines durant la révolution culturelle. Cette image était la dote de la princesse chinoise Wencheng au roi Songtsen Gampo. Malgré l'interdiction un touriste prendra de multiples photos au flash (un français). Enfin nous montons vers la cour des débats, puis poursuivons sur la terrasse où le spectacle saisissant du Potala perché sur une colline nous surprend, nous l'apercevons entre la roue de Dharma et l'un des deux gardiens du temple recouverts d'or. Moment très attendu avec le sentiment d'avoir déjà réussit une partie importante de notre voyage.

Nous resterons une bonne partie de l'après midi à apprécier le spectacle et à regarder les pèlerins à l'extèrieur du monastère sur la place du Barkor. Malheureusement des hauts parleurs placés de part et d'autres de la place diffuserons de la musique chinoise venant interrompre la quiétude de ce lieu emprunt de magie, malgré le bruit important un moine reste impassible et continu de méditer en admirant le Potala. A partir de dix-huit heures nous observerons les moines sortirent dans la cour du premier étage pour commencer leurs débats par groupes de quatre ou cinq moines l'un d'eux exposant ses idées aux autres et ponctuant ces affirmations en frappant dans ces mains.



Samyé

Samyé à 150 km à l'est de Lhassa, pour les voyageurs individuels cette région n'est accessible qu'avec un permis disponible soit à Shigatsé soit à Zetang ce que nous avons appris, un peu tard , le jour de notre arrivée. Mercredi matin, réveil à six heures pour prendre un hypothétique bus pour Nam-Tso en effet d'après ce que nous avons pu récolter comme information, le bus pour Nam-Tso par vers sept heures et s'arrête devant le Kirey Hotel, nous attendons donc tous les quatres, avec Debora et Adi, le couple Israëlo-italien que nous avons retrouvé la veille au soir au diner. Malgré leur dextérité à s'exprimer en chinois, notre détermination à partir ce matin là pour Nam-Tso sera vaine, nous voyons les bus défilés mais tout le monde nous explique qu'il est impossible pour nous touristes de monter dans ceux-ci. Après une bonne heure d'attente nous partons pour la gare routière et n'obtiendrons aucun billet. Un tibétain nous explique qu'aucun billet ne peut être vendu aux étrangers et que le seul moyen d'avoir un bus est peut être au centre de Lhassa au Barkor, mais là même problème, les conducteurs répètent qu'il leur est interdit de nous emmener, voilà déjà une heure et demie que nous essayons c'est alors que nous entendons un chauffeur proposer des places pour Samyé, voilà comment nous partons dans une toute autre direction, plein est, le long du Brahmapoutre. Je passerais deux heures à bord d'un bus avec un tibetain qui a déjà bien bu malgré l'heure matinale, il passe son temps à me montrer les mêmes photos de sa famille qui ont apparement disparus et me répète inlassablement la mêmes chose. Vers midi le bus nous dépose tout les quatres à l'embarcadère, nous attendons le nombre de gens suffisants pour pouvoir partir. La traversée du Yarlung Tsangpo se fait avec d'autres touristes, une française et ses deux filles de 8 et 11 ans, des japonais et des moines. A notre arrivée sur l'autre rive deux camions nous attendent nous prenons tous les deux le second le premier étant plein, lorsque nous arrivons face au monastère les autres sont déjà dans l'unique guesthouse existante. Mais curieusement nous ne voyons personne. Une fois dans notre chambre alors que cherchons les autres nous croisons les deux petites françaises qui nous explique que leur mère, Adi, Debora ainsi que les japonais sont tous arrêtés dans une chambre. Nous espérons naïvement échapper au contrôle se doutant tout de suite qu'il y a un problème de permis mais déjà un civil avec une carte se présente à nous comme étant du PSB. Deux soldats arrivent à ses côtés et nous rejoignons les autres pour lesquels un sermon est déjà en cours. Ils nous imposent de faire une lettre où nous reconnaissons notre faute et une amende de 250 yuans (environ 200 francs) sans quoi notre visa chinois est invalidé et nous sommes expulsés de Chine. Bref nous nous exécutons sans rien dire, alors que Debora était déjà en pleurs car elle travaille de manière permanente en Chine, aussi dans le cas ou les menaces étaient mises à exécution celà aurait des incidences pour elle qui vont au delà d'un simple voyage écourté, ...... Magré leurs airs menaçants ils nous accorderons 24 heures qui nous permettront une bonne randonnée dans les montagnes entourant le monastère et plusieurs visites de celui-ci. Le soir nous rentrons dans le monastère dont la porte est restée entrouverte et un moine nous indique par oû poursuivre notre visite. Le lendemain, ce même moine s'assieds à notre table oû nous prenons notre petit déjeuner, malheureusement notre conversation sera interrompue par des militaires qui lui demandent de ne pas rester dans le restaurant avec des touristes, il nous fait comprendre que nous le retrouverons dans le monastère. Après une heure de ballade dans le village de Samyé autour du monastère, nous pénétrons à nouveau dans celui-ci puis retrouvons les mêmes moines, ceux-ci à ma mine un peu déconfie voit tout de suite mes problèmes de digestion et me propose une nourriture saine à base de légumes et de pommes de terre à l'eau cuites à l'aide d'une cocôte minute dans une chambre minuscule. Le moine nous parle des divers problèmes qu'il rencontre avec la politique chinoise, lorsque l'une de ses vielles amis maintenant guide pour une agence de voyage lui rend visite, nous mangerons tranquillement tous les quatres nos pommes de terres l'écoutant parler de son aventure après un premier départ en Inde à 15 ans puis son retour au Tibet après neuf ans d'exil. Elle ne repartira pas comme elle l'avait prévu pour éviter toutes représailles vis à vis de sa famille. Son anglais et l'hindi appris en inde lui permettrons rapidement de bien vivre, elle et sa famille du tourisme. Alors qu'elle retourne rejoindre le groupe qu'elle accompagne, il est temps pour nous de récupérer nos sacs à l'hôtel oû d'ailleurs les militaires attendent patiemment notre départ, l'heure limite se rapprochant à grand pas, les japonais, la française, Adi et Debora sont déjà repartis en fin de matinée. Le camion nous dépose au bord du Tsangpo où une barque est déjà prêtre à partir avec des locaux et des moines. Quarante minutes après sur l'autre rive nous patientons tranquilement sur le côté de la route assis sur nos sacs en compagnie d'une femme tibétaine et son enfant attendant le bus pour Lhassa.





Drepung

Drepung à quelques kilomètres de Lhassa fut l'un des plus important monastère de l'ordre Gelugpa avec 10000 moines. Siège du gouvernement avant la construction du potala à Lhassa. Aujourd'hui il y aurait un peu plus de 300 moines. .

Alors que nous descendons du bus l'accueil n'est pas grandiose, une horde de chiens nous reçoit avec des aboiements. Après une pose casse-croûte composé de momos aux légumes avec du thé, nous montons dans le monastère par de petites rues jonchées de drapeaux de prières, ce monastère vieux de plus de cinq cent ans a été restauré après plusieurs invasions mongols et épargné durant la révolution culturelle. Alors que nous visitons uniquement l'extèrieur des moines sur un toit discutent depuis déjà un certain temps assis sur la terrasse la plus élevée du monastère les jambes se balançant dans le vide, nous voyant progresser dans notre visite ils nous font signes et nous indiquent un chemin pour les rejoindre. Nous passons un porche au bout d'une ruelle étroite puis découvrons une cour intèrieure oû ils sont en train de préparer des kataks, celle-ci sont toutes étalées sur la table devant laquelle ils sont assis et nous invitent à faire de même. Après une longue discution sur leur situation politique, qui les interesse particulièrement car ils sont spécialement surveillés pour avoir souvent participé aux manifestations pour leur autonomie ils nous offrent notre premier thé salé au beurre de yack. Après quatres ou cinq heures dans le monastère l'après-midi étant bien avancée, ils nous invitent à rester dormir dans le monastère mais désirant partir le plus rapidement pour le lac Nam-Tso nous préfèrons retourner dans la soirée vers Lhassa. Avant notre départ l'un des moines nous remet une katak autour du cou.

Nam Tso

Nous quittons Lhassa à six heures du matin en jeep avec les trois montagnards, randonneurs avertis que sont Igor, Petra et Campbell. Nous prenons la Qinhaï highway jusqu'à Damsung sur la route de Golmud que nous atteignons sept heures plus tard, nous pénétrons dans un restaurant tibétains où nous prenons tous, le plat unique, une soupe avec des morceaux de fromage de yack et des pâtes (la Thukpa), Igor donnera sa soupe à la femme mendiant dehors, pourtant il s"apprête à ne manger que de la tsampa pendant trois semaines, le temps d'effectuer son trek. Nous repartons en direction du col de Lalung La quittons la route pour un chemin de terre. Depuis plusieurs heures nous longeons une vallée et sa rivière où de temps à autre des yacks sauvages s'alimentent paisiblement ce qui nous indique une altitude supèrieure à 4000 mètres, puis se sera des cochons d'indes en quantité incroyables, des marmotes de taille impressionnante et pour couronner le tout des mouflons, nous arrivons au col de Lalung La à 5400m d'altitude marqué par des drapeaux de prières. A partir de ce moment on peut distinguer des reflets turquoises plus en avant de la route renvoyés par le lac Nam-Tso (4718 m), deuxième lac salé du Tibet par sa taille après Kokonor en Amdo, long de 70 km et 30 km au plus large. La traversé du plateau entourant le lac se fera au rythme des enlisements successifs dans une terre détrempée par les pluies d'orage éclatant sur la montagne et la fonte des neiges. A chaque enlisement de nombreux nomades et bergers arrivent de nul part, au début se sont des silhouettes presque indescriptibles puis au fur et à mesure de nos efforts pour sortir de là une foule bigarrée de plus en plus nombreuse entoure la jeep. En fin de journée nous déposons Igor et ses compagnons de voyage qui décident de camper au pied des montagnes pour essayer d'avoir de l'eau potable. Nous poursuivons vers le monastère Tashi Dor où nous arrivons au soleil couchant. Après avoir visité le monastère et la maison de pierre qui s'y ratache nous décidons de poursuivre jusqu'à l'unique maison où cinq chambres dortoirs sont disponibles, nous posons nos sacs dans l'une d'elles, bien que spartiates la chambre donne directement dehors face au Nyenchen Tanghla. Après un peu de repos nous allons vers la pièce principale de la maison qui sert à la fois de restaurant, cuisine et chambre à la famille propriétaire des lieux, seule pièce organisée autour d'un poële qui fonctionne constamment. Au moment où nous entrons le père de famille est en train de faire un pansement à son plus jeune fils qui apparement s'est coupé avec un verre cassé, voyant son père ne pas s'en sortir avec le pansement d'urgence et le peu de coton qu'il possède, le gamin continu de saigner et perd constamment le chiffon déjà noir de poussière qui lui sert de pansement. Aussi Emmanuelle part cinq minute et revient avec l'imposante trousse de premiers secours composée par ses soins avant chaque départ en voyage. Le père pas mécontent de voir cette aide précieuse arrivée avec une bande et des gazes flambant neuf surveille d'un air rassuré les opérations assisté ensuite par toute la famille frère, soeurs, la mère et la tante. Au vue du pansement élaboré par Manue toute la communauté paraît très satisfaite. Nous commandons alors notre repas cuisiné par le père et la mère surveille nos verres afin que nous soyons toujours pourvus en thé, ce n'est plus le thé au beurre de yack mais le thé noir d'Amdo provenant de Chine en briquettes. L'eau est l'eau de pluie récupérée du toit dans le contener dehors sur le côté de la maison. Après notre repas royal le père refuse l'argent que nous lui devons et malgré notre insistance nous fait comprendre par l'intèrmédiaire de son fils le plus agé que c'est pour nous remercier d'avoir soigner le petit dernier qui maintenant est reparti joué dehors. Sur ce nous repartons dans notre chambre et à notre grande surprise une katak a été posée juste au dessus de la porte de notre chambre en guise de bienvenue, ce soir nous dormirons certainement sous la protection des dieux.

Nous ponctuons nos journées par de longues randonnées autour du Tashi Dor Monastery, c'est en fait une grotte dans la montagne, on y trouve un chörten et des manis (murs de pierres gravées ou peintes avec des prières) ou plus au sud vers les montagnes du Nyenchen Tanglha qui surplombent le lac à plus de 7000m, et sépare le lac de la vallée où passe la Qinghai highway reliant Lhassa à Golmud. H. HARRER, l'auteur du livre "sept ans d'aventure au Tibet" qui a servis de scénario au film du même nom, est arrivé du Chang Tang par le nord ouest et est passé au sud de la chaîne du Nyenchen Tanghla vers Lhassa via le col de Goring sans doute l'un des cols les plus élevé du monde à 5972m. Quant au Chang Tang plus au nord du lac ceux sont des plaines de hautes altitudes avec le lac Kokonor décrit par Alexandra David Neel dans une Parisienne à Lhassa.

Chensandup, le plus grand fils désire apprendre un peu l'anglais aussi nous demande-t'il de lui traduire certains mots, les plus usuels afin de mieux recevoir les quelques touristes qui arrivent jusqu'à Nam-Tso alors que nous utilisons le lonely planet pour s'aider à la traduction la salle se remplis de d'hommes, de passage ou provenant du monastère pour boire un thé, curieux de ce livre qui nous permet de sortir, à leur grande surprise, quelques mots en tibétains.

Dans l'après midi après une randonnée de quatres, cinq heures sans avoir vu âme qui vive depuis que nous avons quitté notre refuge, nous sommes assis face au lac regardant plein nord lorsque tout d'un coup une dizaine d'hommes arrivent rapidement vers nous en nous regardant fixement de loin, nous nous demandons ce qui va nous arriver mais la seule chose qui les interesse est notre appareil photo et le guide que l'un d'eux avait entrevu dans la salle de restaurant où nous logeons. Avant de comprendre ce qu'ils veulent l'un d'eux s'empare du livre, s'assied à côté de nous avec tous les autres autour et regardent les photos une à une, lorsqu'ils aperçoivent la photo du Dalaï Lama ils se prosternent tous en joignant les mains, notre lecteur assidu apose le livre sur son front un court instant. Enfin l'un d'eux nous demande l'appareil photo et nous rassemble tous pour faire une photo ce qui ravit Emmanuelle qui obtiendra un beau souvenir de ce moment partagé avec les locaux de Tashi Dor réalisant leur pèlerinage autour de leur monastère.

Un soir nous retrouvons Igor, Petra et Campbell qui nous invitent à leur tentes où ils préparent un chocolat que nous partagerons avec les enfants de nos proprétaires et ceux vivants au monastère, leurs visages reflétent bien leur étonnement devant ce met sucré c'est dans ces moments là que l'on se rend compte que tous les enfants du monde se ressemblent se léchant les lèvres avec un large sourire avec pour toile de fond la chaîne du Nyenchen Tanghla et ses neiges éternelles. Igor et ses compagnons se préparent pour dix-sept jours de randonnées au travers de cette chaîne avec pour toute nourriture du lait en poudre du chocolat et biensûr l'indispensable Tsampa met énergétique à manger avec du thé. Ils se doivent d'être entièrement autonomes durant ces trois semaines. En effet en lisière du Chang Tang, nous sommes aux portes du Tibet le plus sauvage et de l'une des régions les plus isolée du monde. Les nomades se déplaçent à cheval (potoque entre le cheval et le poney). les yourtes non loin desquelles paissent des yacks sont parfois plantées au beau milieu de la plaine, des troupeaux de brebis permettant à ces nomades de vivre en totale autarcie. Ici ont a pu se reposer et trouver la quiétude cherchée depuis le début du voyage. Sieste à midi face au lac qui fait miroir et nous renvoie les montagnes du Nyenchen enneigées à l'envers. L'eau du lac est légèrement salée presque bonne à boire. Manue prend un bien de pied comme si l'on se trouvait en Bretagne. Le retour sur Lhassa prévu le lendemain paraît très loin.

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